Nous voicy maintenant entrez en la guerre de la Ligue qui fut sur la fin de mars 1585, et Dieu nous en donnera la fin quand il luy plaira ; je ne le vis jamais esbranlé en ceste guerre, et tousjours eust une opinion constante qu’elle réussiroit à l’honneur et réputation du Roy à présent régnant ; et de faict luy en demandant son opinion sur la première nouvelle, il luy dit ces motz dont plusieurs fois il s’est ressouvenu, « vous avés à louer Dieu, Sire, que vos ennemis commencent ceste guerre, car tousjours la deviez vous avoir ; elle est plus à propos soubs le règne du Roy qu’à l’avènement du vostre, et vous sera plus aysé de la porter jeune que vieil, et pour nous, si nous travaillons, au moins lairrons nous du repos à noz enfans. Ilz abusent du nom de Dieu qui vengera sa gloire. Vous aurés, à la vérité, de grandz maux à passer, mais qui vous réussiront à bien, et ne sortit jamais Prince plus glorieux d’aucune guerre que je suis certain que vous sortirés de celle cy, sy vous continués à craindre Dieu. Pour mon particulier, je vous prometz que je ne trouveray rien chaud, ny froid lorsqu’il me sera commandé, » et luy a souvent rendu tesmoignage qu’il luy avoit tenu promesse. L’apparence estoit que le Roy se banderoit contre la Ligue qui l’attaquoit ; mais il creut tousjours que tout retomberoit sur la religion, seulement que ceste mutation ne se pouvoit faire en moins de quattre ou cinq mois, pendant lesquelz il se falloit unir et munir, le plus doucement qu’on pourroit, car de faict, toutes les places estoient sy dégarnies de bledz, par les traictés, qu’avant la moisson, on les pouvoit affamer sans difficultez.