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suivray de mesme soin, et prie Dieu que cette mesme instruction vous suive partout, que vous croissiez en craincte et en amour de Dieu, profitiez en sa connoissance de toutes choses bonnes, vous fortifiiez en la vocation que vous avés de luy pour son service et rapportiez tout ce qu’il a mis en vous et qu’il y mettra cy après à son honneur et gloire. Il vous a donné d’estre nay en son Eglize, ce qu’il a desnié à tant de nations et à tant de grands hommes. Adorés, mon Filz, révéremment ce privilège d’estre nay Chrestien. Il vous a faict naistre en la lumière de l’Eglize, séquestré du règne des ténèbres, de la tyrannie de l’antechrist qui nous avoit enveloppez ès siècles précédens. Cependant, les Grands du monde, les puissances de ce siècle, la plus part y croupissent encores. Adorez moy de rechef, ceste miséricorde, ce soin spécial que Dieu a eu de vous, de vous exempter de cette apostasie universelle qui a usurpé et tant de nations et tant de temps. Mais il vous a faict naistre d’un Père duquel en ces jours il s’est voulu servir et servira encore pour sa gloire, qui vous a, dès votre enfance, dédié à son service, qui en cest espoir vous a faict eslever selon votre âage en piété et en doctrine, qui en somme n’a rien obmis par ardentes prières envers Dieu, par un soin exquis en votre instruction, pour vous rendre un jour capable de son œuvre. Pensez que par tels chemins, Dieu vous veut amener à grandes choses ; pensés à estre instrument, en vostre temps, de la restauration, qui ne peut plus tarder, de son Eglize. Eslevez tout votre esprit à ce but là, et ne doutez, moiennant cela, mon Filz, que Dieu ne vous assiste, qu’en le cerchant vous