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estoit requize pour la conduicte de la maison de Navarre, et partie sur ce que sa famille ne faisoit que d’arriver en un pays où elle n’avoit aucune habitude. Touteffois le Roy de Navarre de sa bouche le condemna à accepter ceste charge, joinct que M. de Laval protestoit de n’y aller point autrement. De faict, ce voyage m’estoit dur, estant venue de sy loin, en espoir de le voir plus commodément. Touteffois, il falut céder au publiq, et Dieu leur fit aussy la grâce d’obtenir du Roy, après avoir conféré quelques jours avec messieurs le chancelier[1], de Villequier et Bellièvre, la plus part des expéditions qu’ilz désiroient pour la religion, et de s’accorder, avec messieurs les présidens de la court, de certains raiglemens pour les chambres de justice, après en avoir par deux fois conféré avec eux et messieurs les gens du Roy en la chambre St Louys ; mais surtout obtinrent du Roy particulièrement (après un refus tout plat et absolu), les villes de seureté pour deux ans. Ce qui fut acquérir une justice à ceux de la religion quand tost après la guerre fut suscitée par la Ligue, car sans cela, ilz avoient un prétexte très apparent de la commencer, soubz ombre de la rétention des villes de seureté, en quoy nous eusmes à reconnoistre la Providence de Dieu, pour la condemnation de la cause de la Ligue. Tous ces mémoires sont encor entiers entre noz mains, et est à noter que M. du Plessis prenant congé du feu cardinal de Bourbon[2], il s’en-

  1. L’édition de M. Auguis porte, au contraire des deux manuscrits : « MM. le chancelier de Villequier et Bellièvre » le chancelier était encore M. de Birague.
  2. Charles de Bourbon, fils du duc de Vendôme et oncle du roi de