Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sainct Aignan, son cousin qu’il avoit trouvé chargé des premiers de la ditte entreprise d’Anvers.

En ce temps, le Roy de Navarre dépescha M. de Ségur, de la maison de Pardailhan, en Allemagne, pour traicter l’union de la Religion, et une association pour la défense d’icelle avec la Royne d’Angleterre, Roy de Danemarc et princes d’Allemagne, dont les mémoires et instructions furent dressés par monsieur du Plessis. Et ce d’autant qu’il estoit tout évident que ceux qui ont depuis remué la France y vouloient troubler la Religion pour dissiper l’Estat. Et avoit le dit sr de Ségur la surintendance des maison, affaires et finances de Navarre, et partant faloit pourvoir à sa charge. Qui fut cause que le Roy de Navarre fit choix de messieurs de Clervant et du Plessis pour cest effect, dont M. du Plessis faisoit grand difficulté, alléguant qu’il estoit là comme estranger, nouveau à son service, peu pratique des finances, et surtout d’un naturel qui ne desplaisoit pas volontiers à personne, et qui seroit obligé, en une maison affairée, de desplaire pour son devoir à ses meilleurs amys. Enfin touteffoys il accepta avec M. de Clervant sans division, et luy ay souvent ouy dire que la compaignie d’un personnage de telle qualité et preud’homme, la luy avoit fait prendre plus que toute autre occasion. Il estoit fort homme d’honneur, de l’illustre maison de Vienne, plein d’intégrité, et vescurent tousjours en ceste charge comme frères. Ilz avoient de grandz et beaux desseingz de remettre ceste maison en splendeur, accablée de mauvais mesnages que les troubles y avoient engendrez, mais qui ont esté jusques icy interrompus par la continuation des misères.