contens et cent mil par mois pour faire la guerre au Roy de France, sans s’enquérir au reste de sa religion; l’avertissoit le dit Roy d’Hespagne que la[1] résolution estoit prise de luy renouveller la guerre s’il ne rendoit les villes de seureté et de l’opprimer s’il les rendoit, qu’il y en avoit de ses gardes pratiquez pour le tuer, etc. Passoit plus oultre que, s’il vouloit changer sa religion, il luy donneroit sa fille en mariage, et espouseroit madame sa sœur, et alléguoient, pour causes de ces grandes offres, la vengeance conceue au cœur du Roy d’Hespagne des mauvais offices receus des François en Flandres et le désir d’appuyer en sa vieillesse la jeunesse de son filz de quelque alliance certaine. Le Roy de Navarre ne voulut et ne fut conseillé d’y entendre, connoissant que tout cela ne tendoit qu’à la ruine de l’estat; et sur les mariages moiennant changement de religion, fut respondu que le Roy d’Hespagne estoit un Prince auquel il céderoit [tousjours[2]] en puissance, mais non jamais en conscience, ny en honneur. Et nonobstant pour ne rompre, fut faicte offre au Roy d’Hespagne d’engager les biens[3] des Pays-bas, jusques à cinq cens mille escus, s’il les luy vouloit faire prester, à l’exemple du roy François au duc de Wirtemberg, mais sans s’obliger à une guerre, peut-être non nécessaire, encore que dès lors grandes ap-
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