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tice des Estatz en la création d’un nouveau Prince, d’y offrir la foy et hommage de la duché de Brabant et autres Provinces de l’Empire, mon dit seigneur nomma monsieur le duc de Bouillon et monsr du Plessis pour ce voyage, scachant bien qu’ilz seroient approuvés de tous. Il en dressa les instructions, pouvoirs et depesches, prépara mesmes ses harangues qui se trouvent encor, et nonobstant tousjours en opinion que ce voiage n’iroit point plus avant, et que ce n’estoit que pour le tirer honnestement des Pays bas ; ce qu’il ne peut dissimuler à feu monseigneur mesmes ; et particulièrement, je l’en voyoys quelquefois contester avec monsr de Buhy son aisné qui y estoit abuzé. Leurs logis furent faitz à Augsbourg, son train dressé ; mais estant à Paris où il falloit recevoir argent et prendre depesches du Roy favorables pour aucthorizer ceste ambassade, le thrésorier, qui estoit lors Renaud et aujourd’huy thrésorier de l’extraurdinaire des guerres, luy déclara en l’oreille avoir contremandement de monseigneur, tant pour son estat que celuy de monsr de Bouillon et pour les présens qu’il y convenoit porter. Tellement qu’il renvoya les originaux des depesches par un gentilhomme à Monseigneur et se dispensa de ce voyage.

Or, pendant ce peu de temps qu’il séjourna à Anvers, depuis que Monseigneur y fut, il se séquestra volontiers des affaires pour les raisons cy dessus, et lors traduit en latin luy mesmes son livre de la vérité, lequel fut imprimé de puis par Plantain à Leyden, et lequel nous avons tout escrit de sa main. Aussy, luy estant tombé en main certain volume im-