Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mainement, les sauva, car ilz avoient rendez-vous à la porte du Havre qu’ilz dévoient ouvrir à la cavalerie, porte aisée à enfoncer, et on les mena à celle du Vauve qui avoit pont leviz et herse, où ilz se trouvèrent tout nouveauz et confuz ; mais cela se lira plus au long en l’histoire.

Monsieur du Plessis, partie pour la promesse qu’il avoit fait au Roy de Navarre, partie pour le peu de bien qu’il attendoit du traicté de monseigneur, ne pensoit qu’à s’en retourner en France, paye ses debtes, satisfait à tous, prend congé de monseigneur le Prince et de tous ses amys. Comme je suis au chariot sur le bord de l’eau, preste à passer la rivière de l’Escaut, mons. Junius, bourgmestre d’Anvers, accompagné de quelques eschevins, me vient arrester, disant qu’ilz avoient besoing de M. du Plessis et ne souffriroient qu’il les laissast ; je contestay fort, et enfin ilz me ramenèrent et luy firent mesme harangue. Monsr le Prince d’Orange, qui estoit lors à Gand, luy escrit de mesmes; madame la Princesse[1] est priée de nous en parler, et ce nous estoit une grande incommodité après avoir donné ordre à noz affaires ; la conclusion fut qu’il ne pouvoit sans le congé du Roy son maistre. Et pour ce fut envoyé vers S. M. un courrier exprès, lequel le luy rapporta très honorable d’y demeurer six mois, attendu la prière des Estatz qui l’y jugeoient nécessaire, lequel est encore en noz papiers. Cela redou-

  1. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale et l’édition de M. Auguis portent : « Madame la Princesse d’Orange qui estoit à Anvers, est… »