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[et[1] sont tous deux enterrés au dit Anvers], ne regrettant rien plus M. Languet que de n’avoir veu monsr du Plessis premier que partir du monde, et qui luy eust laissé son cœur s’il eust peu.

Advinst environ ce temps que les François qui estoient soubz le régiment du colonel la Garde, en garnison à Berghes-sur-Zom, se mutinèrent, faute de payement, et y en avoit qui parlèrent jusques-là de la donner à l’Hespagnol. Non les capitaines qui retenoient tousjours leur fidélité, bien aises touteffois de faire proffit des rumeurs de leurs soldatz. Monsr du Plessis est prié par les Estats d’y aller pour les ramener au devoir, ce qu’il fit. Le soir qu’il y arriva, y eut avis que l’ennemy estoit à cinq lieues de là. Et puis, ilz furent bien ayses de luy monstrer les gardes fortes afin qu’il en fist bon rapport aux supérieurs. Cela vint à propos, car le matin devant le jour, par un intelligence que les ennemys avoient avec deux charpentiers de la ville, les escluzes du Zom, qui passe en la ville soubs une Tour, furent levées, l’ennemy y passa à l’eau jusqu’au genou, et se vint emparer de la place au bled ; M. du Plessis qui y estoit logé chez le sr de Fouguerolles, l’un des capitaines, y courut presque nud, et se rendit sur la place où il rallia ce qu’il peut, et Dieu voulust que, par la valeur de plusieurs capitaines, l’ennemy fut repoussé avec une notable perte des meilleurs hommes qu’il eust et en grant nombre. L’équivoque, hu-

  1. Ces mots sont une note en marge du manuscrit de la Sorbonne ; ils manquent dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale et dans l’édition de M. Auguis.