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l’advis de messieurs de la Noüe et du Plessis, lequel se trouve encore par escrit. C’estoit, que quelque mauvais traictement qu’on leur fist, qu’une paix tolérable valoit mieux qu’une guerre pour avantageuse qu’elle fust, que M. de Guise ne pouvoit rien promettre à ceux de la Religion qu’en fraude ; s’il avoit rien à traicter, qu’il devoit s’adresser à luy tout droict, et non à autres, qui ne pouvoit estre que pour les distraire. Et de fait, ces ménageries là furent rompues, ne voulant M. de Guise s’adresser à un chef qui vouloit estre le chef mesmes.

Cecy estoit en l’an 79, auquel, nonobstant les affaires auxquelles il estoit employé, il entreprint son œuvre de la vérité de la religion chrestienne, que de long temps il avoit en l’esprit, et auquel il s’estoit préparé dès ses premières estudes, ayant toujours eu ce but de servir à l’avancement du nom de Jésus-Christ ; mais il fust interrompu, environ le mois d’aoüst, d’une grosse et longue maladie, n’estant encor parvenu qu’au cinquiesme chapitre. Auquel temps aussy nous nasquit Philippes de Mornay, nostre filz aisné, le 20e de juillet en la ville d’Anvers, en la Camaerstrate, au logis d’un nommé Landmeter, coronel de la jeunesse de la ville, et furent ses parains messire Françoys de la Noüe et Artus de Vaudrey, Seigneur de Mouy, sa marraine damoiselle Marie de Nassau, fille aisnée de monseigneur le Prince d’Orange. Monsr de la Noüe et madamoiselle d’Orange eurent envie de luy donner le nom de mon dit Seigneur le Prince son père, mais je les feis prier de luy donner le nom de monsieur du Plessis, et d’autant plus j’affectionnay cela que, quelques moys