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ligion veut estre preschée et non forcée, l’idolâtrie combattue par la parole de Dieu, et non abbatue par les marteaux des hommes. L’effect de ce voyage fut que trois membres de Flandres, Bruges, Ypres et le Franc, se séparèrent de la désunion de Guand et réunirent au corps de l’Estat, que Guand mesmes appela peu de jours après le Prince d’Orange, revint à l’union, plus obéyssante que devant, osta l’auctorité à Embise, et pria le duc Casimir de les laisser en paix.

J’estoy lors avec M. du Plessis, m’estant embarquée en la rivière de Londres pour venir à Anvers ; et en ce voyage sentismes l’ire et la miséricorde de Dieu tout ensemble, car la peste se mit en nostre vaisseau qui en fit mourir quelques uns, non des nostres, mais qui beuvoient et mangeoient avec nous. Le lendemain de nostre arrivée à Anvers, la peste prend aux deux filles de la nourrice de notre fille Elizabeth, et dont l’une tettoit souvent avec elle, et en moins de 24 heures les emporta. Le mary effrayé nous en avertit qui estoit M. Trescat, homme docte, ministre de la parole de Dieu en l’Eglize de Bruxelles. Après beaucoup de pene, Dieu nous en pourveut d’une autre, sans que d’icelle contagion notre famille receut aucun dommage.

Alors le duc de Guise commençoit à vouloir brouiller la France et ne scavoit bonnement par quel bout s’y prendre. Aux catholicques romains, il parloit de l’Estat ; pour y attirer ceux de la religion, il leur promettoit plus ample liberté, et s’adressoit mesmes aux principaux de la religion. Le roi de Navarre envoya M. de Chassincourt exprès en Flandres pour en avoir