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que temps après, de traduire en Anglois son œuvre de la vérité de la Religion chrestienne. Aussy messieurs Polet, Izelligreu[1], Davidson, Rogers et autres personnages lors employés aux plus notables ambassades, et entre les François, les pasteurs de l’Eglize estrangère, Françoys L’oyseleur dit de Villiers qui depuis mania les affaires du feu Prince d’Orange, et Robert le Maçon dit de la Fontaine, tous deux très-excellens en leur profession. Alors le Roy de Navarre n’estoit pas connu ès pays estrangers selon ses vertus. Mesmes l’artifice de quelques mauvais espritz avoient tant gagné qu’ilz l’avoient rendu suspect à la plus part, comme s’il n’eust pas procédé sincèrement en la défense de la Religion, ains retenu tousjours quelque intelligence avec les ennemis d’icelle ; et cela luy traversoit fort ses affaires, d’autant plus que ces impressions procédoient de personnes mesmes de la religion. Il fit tant qu’il la déracina partout, et le mit en telle réputation entre tous que sur ce fondement, il fut plus aysé de bastir à ceux qui vinrent après.

En septembre[2] 1577 fut faicte la paix en France, dont il eut moins d’occupation en Angleterre ; et nonobstant ne trouvoit à propos de repasser sy tost en France que les ardeurs civiles ne fussent un peu refroidies. Ce fut pendant ce loisir qu’il s’occupa à composer le traicté de l’Eglize, parce qu’il voyoit que ceux qui se débauschoient de la vérité ou qui

  1. Pawlet et Killigrew, conseillers ou agents de la reine Elisabeth.
  2. La paix de Bergerac, qui dissolvait la confédération protestante et prétendait dissoudre la Ligue.