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la Rochelle ou en l’isle de Rhé, et en parloient tout haut. Et là-dessus, ses gens luy prioyent de se déclarer et de monstrer son passeport ; mais il considéra, s’ilz estoient ennemys, que c’estoit sa mort, et sy amys, que ce pourroit estre tout de mesme quant ilz considéreroient la faute qu’ilz avoient faitte. Enfin le laissèrent, luy emportans tout, mesmes ses voiles, appareilz, ancre, sonde, etc., et il y a apparence qu’ilz ne le voulurent mener à terre pour ne rendre conte à Sandreau, amiral de la coste, de leur prise dont ilz eussent eu la moindre part. Et luy, au contraire, faisoit bonne mine d’y vouloir estre mené, qui luy eust esté très-dangereux. Car oultre les commandemens du Roy qui avoient esté envoyés partout pour l’attraper, la coste étoit enragée pour ce qu’elle avoit esté traictée rudement par M. de Mouy, son cousin, et un de ses meilleurs amis, à la prise des Sables[1] où il estoit encor, avec toute l’infanterie de Poictou dont il estoit coronel ; et de fait, les habitans s’estoient jettez en mer de désespoir. Il retourna donc en cest équipage à la Rochelle, où on luy fit ouverture d’estre payé ou récompensé par le beau-père de celuy qui l’avoit pris sur mer, au moins qui y commandoit. Mais il ne voulut point que l’innocent en portast la paine. Ce fut en avril 1577.

Et est à notter que plus de six ou sept mois devant, M. du Plessis m’avoit dit qu’il avoit à passer par un très-grand danger, mais qu’il estoit assuré que Dieu l’en retireroit ; ce mesme propos avoit-il

  1. Les Sables d’Olonne.