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l’Angleterre parce que le voyage estoit plus court, et pour ce eust sa dépesche et alla à Sens trouver la Royne mère qui le receust asses bien, luy monstrant touteffois à ses propos le bien cognoistre pour l’un de ceux qui avoient esté employés es entreprises de St Germain et de Mantes. Et de là, alla trouver le Roy à Paris (où j’estois allée l’attendre). Nous y séjournasmes plus de deus moys à cause que le thrésorier de monseigneur ne luy voulut bailler argent pour son voyage, ny faire faire les présens qu’il debvoit porter à aucuns Seigneurs d’Angleterre ; et la cause fut que depuis la Royne mère avoit trouvé moyen d’en dégouster monseigneur, craingnant que ce voyage ne servist de plus en plus à l’unir avec la Royne d’Angleterre ; tellement que le thrésorier, fils de Marcel, eut un contre-mandement, et sur les plaintes que M. du Plessis en faisoit à monseigneur, il luy mandoit toujours qu’il vouloit qu’il y allast et l’en pressoit. Enfin après un long séjour à Paris et une grande despence, le voyage fut rompu, et nous nous retirâmes à Buhy. Monsr de Buhy, son frère, aussy avoit eu promesse du gouvernement de Loches en l’apannage de Monseigneur, et n’y peut oncq estre receu pour mesmes occasions. De la rupture de son voyage d’Angleterre, plusieurs prirent mauvais augure, mesmes voyant que celuy du sieur de la Vergne avoit continué en Allemaigne, lequel estoit catholique romain.

Lors la Ligue prétendue saincte[1] commença à se

  1. Le parti catholique était mécontent de la paix de Chastenay ; l’idée d’une Ligue entre les catholiques contre les influences et les armes protestantes était déjà ancienne.