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ces propos, en induit plusieurs à envoyer au devant de l’armée, offrir vivres et argent, bonnes sommes qui pouvoient estre mieux mesnagées qu’elles ne furent. Passant aussy près Belesbat, non loing d’Estampes, il eut nouvelles que le Roy n’en estoit qu’à un quart de lieue, visitant quelques maisons qu’il vouloit achepter, fort seul et en estat qu’on le pouvoit attaquer ; et à peu de là, trouva un gentilhomme qui depuis luy a dit plusieurs fois que, s’il l’eust connu, il luy pouvoit faire prendre alors sans danger les principaux Seigneurs de la court qui ne pensoient à rien. Arrivé près de monseigneur, il luy proposa qu’il avoit moyen de luy mettre Verdun entre les mains, s’il y vouloit entendre, et l’ouyt volontiers. Mais après tout, le pria fort de n’en parler à personne, surtout au duc Casimir[1], parce que, par la capitulation, on promettoit de lui bailler en ostage Metz, Thoul et Verdun, et qu’on espéroit la paix en laquelle on trouveroit moyen de les contenter sans cela ; et pourtant, M. du Plessis s’en teut. Il y avoit lors un différend entre monsr de Turenne[2] et M. de Bussy en l’armée, qui y apportoit, pour la qualité des contendans, grande division ; le sr de Bussy estoit coronel général des trouppes de mondit Seigneur auquel appartenoit de porter l’enseigne[3] blanche. M. de Turenne avoit amené de belles trouppes d’infanterie de Guienne que les Eglizes luy avoient mises en main avec une enseigne blanche que le

  1. Jean Casimir, de la maison de Deux-Ponts.
  2. M. de la Tour d’Auvergne, Vicomte de Turenne, plus tard duc de Bouillon.
  3. En qualité de colonel général.