Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nant voir ; madame de Bouillon savoit bien qu’il y estoit, mais elle étoit bien ayse qu’il en uzast ainsy discrettement, affin que les autres ne prinssent subjet sur luy d’en uzer aultrement, et que le Roy n’en feust offensé. Or, il y fut quelque temps sans que ses gens, qui avoient esté escartés à la déffaicte, seussent qu’il estoit devenu ; puis ils le vinrent trouver les uns après les autres, et redressoit son équipage qu’il avoit tout perdu, attendant quelque occasion pour s’en pouvoir aller, soit pour joindre l’armée des Reistres que debvoit mener monseigneur le Prince[1], soit pour passer et aller trouver monseigneur le Duc[2] qui estoit vers le Berry et Auvergne. Cela fust cause que je ne pensois sy tost à nous marier, jusques à ce que ces troubles fussent assoupis ; mais voyant que cela tardoit, monsieur du Plessis, M. de Lizy et autres de nos amys furent d’avis de parachever nostre mariage. Nostre contract fut dong passé par les notaires de Donchery, nos annonces faictes, et fusmes mariés le troisiesme de janvier 1576. Mais comme nous eusmes pris jour pour nostre mariage, ils eurent nouvelles que l’armée des Reistres, conduitte par monseigneur le Duc, estoit levée, et s’acheminoit en Lorraine pour entrer en France, de sorte que la sebmaine mesmes que nous feusmes mariez, M. du Plessis partit deux heures devant le jour avec M. de Lizi, qui recueillit à Sedan et ès environs tous ceux qui eurent envie de marcher ; ilz estoient environ quattre-vingtz chevaux et peu de gens de pied, et prirent leur chemin par Jametz. De là vers le Diocèse de Verdun, et entrè-

  1. Le Prince de Condé
  2. Le duc d’Alençon.