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depuis qu’ils y procédoient de bonne foy. Enfin on lui permet d’envoyer quérir sa rançon de cent escus, ce qu’il n’osa chés luy pour ne manifester sa maison ; mais il envoya à Sedan et en escrivit à monsr d’Heudreville qui feit si bien gouverner le porteur qu’il ne peut prendre langue. J’envoyay donq l’argent par un des miens, nommé Daleu, et un petit cheval avec un meschant manteau, et arriva sur le point qu’on avoit redoublé le commandement de le mener à M. du Maine[1], à Montmirail. La Borde ne le vouloit laisser aller, mais le sieur de Vidart dit résolument qu’il partiroit puisqu’il avoit satisffait à sa foy, et le conduit quelques mille pas, plus contre le gré dudit la Borde qu’autrement. Lors en se départant de luy[2], il remercya le sr de Vidart des bons offices qu’il avoit receus de luy et luy déclara secrètement entre eux deux qui il estoit, puis qu’il l’avoit tant obligé. Le sr de Vidart le pressa fort de s’en aller promptement, craingnant qu’il ne lui avînt mal s’il estoit congneu. Ce fut le vingtième octobre 1575, au soir, qu’il sortit de prison. Il print son chemin vers Sedan accompagné de celui que je luy avois envoyé, et y entra secrettement, d’autant que madame de Bouillon qui ne vouloit offenser le Roy ne recevoit ouvertement ceux qui portoient les armes. Il se logea chez le sr de Verdavayne, mon hoste, en un corps de logis de derrière, et ne se pouvoit mettre ailleurs qu’il n’eust esté descouvert en me ve-

  1. Le duc de Mayenne. Son nom est presque toujours écrit ainsi dans le manuscrit de la Sorbonne.
  2. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale et l’édition de M. Auguis portent : « M. du Plessis remercya… »