Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.

escrivit que tous prisonniers luy fussent envoyés, tellement que M. de Tavannes qui luy avoit promis de le délivrer, et mesmes n’estoit pas esloingné de l’envoyer sur sa parole, s’en refroidit ; tant que M. du Plessis le pria de le faire mourir plus tost que de l’envoyer consumer son peu de bien en une prison, sur quoy il luy promit qu’il ne sortiroit de ses mains en tant qu’il peust ; l’autre fut que [le lendemain[1]], marchant par païs vers la Brye, à costé de M. de Tavannes qui le pouvoit ouyr, un laquetz de M. d’Espau le vient recongnoistre, l’appelle par son nom et l’acoste, puis va dire de ses nouvelles à tous ceux de la compaignie. Ce laquetz avoit laissé son maistre et avoit vu à Sedan M. du Plessis longtemps. Il ne leur céla rien de ce qu’il savoit. Tellement qu’ils vinrent à le menacer s’il ne leur payoit deux mil escus de rançon. Il se résolut à faire bonne mine, et à mespriser les propos d’un laquetz, et eust tousjours le susdit sr de Beauvoisin pour luy qui maintenoit la vérité de ce qu’il en avoit rapporté, et assuroit (ce qui est à noter) qu’il estoit congneu au nom de Boesville, mais non du Plessis la part. Cette faute procédoit de ce qu’il avoit leu sur les lettres (la part), sans regarder qu’après il y avoit (où il sera). En ces difficultés les sieurs de Vidart, Basque, et le sieur de Cormon, oncle, Bourguignon, luy présentèrent, chacun à part, et à divers jours, moien de se sauver, et l’y exhortent, veu les gens auxquels il avoit à faire, ce qu’il ne voulut, alléguant sa foy donnée, et connut

  1. Ces mots manquent dans le manscrit de la Bibliothèque impériale et dans l’édition de M. Auguis.