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jour M. du Plessis fut présenté, lequel prenoit plaisir à deviser avec luy, et le vouloit mener à ce festin. Il s’excusa sur ce qu’il se trouvoit mal, et avoit l’éspaule froissée du coup de lance qu’il avoit eu à la charge, et le lendemain de mesmes. Enfin, il le pria de ne le mener en triomfe devant les Dames, etc. ; c’estoit pour éviter d’estre reconnu d’elle, laquelle sans y penser luy eust faict congnoissance, à cause qu’il estoit lors fort recommandé pour quelques négociations desquelles il s’estoit meslé. De là viennent en ung village nommé Champagne, non loin de Chasteau-Thierry, où il fut présenté à M. de Tavanes, l’aisné. Là pour le recongnoistre, fut avisé de le confronter avec les autres prisonniers ; Dieu luy ayda de rechef, car monsr de Mouy, grièvement blessé, fut mené chez M. de Liancourt, son cousin. M. de Pontillant mourut ; le sr de Longjumeau s’eschappa, et furent ainsy divertis qui ça, qui là. Ainsy s’estant enquis de luy qui il estoit et d’où, et leur ayant respondu qu’il s’appelloit Boinville, pauvre cadet de Beausse, d’environ troys cens livres de rente, etc. Le sr de Beauvoisin, lieutenant de M. de Tavanes[1] l’aisné, eut charge de s’en enquérir des sieurs de Orgenis et Jaudray, gentilshommes de Beausse qui suivoient lors M. d’Aumalle, lesquels certifièrent le semblable, qu’ils le congnoissoient, que, s’il avoit les troys cens livres de rente, c’estoit tout, qu’il estoit de la religion, cadet, se raportant en tout à ce que M. du Plessis leur avoit dit, équivoquant

  1. Le nom est écrit tantôt Tavanes, tantôt Tavennes dans le manuscrit de la Sorbonne.