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eust fait desplaisir, mais il ne le reconnut point. Passa aussi un espion qui avoit, le jour avant, desjeuné avec luy, nommé Baron, lequel estoit venu advertir l’ennemy, et n’apperceut M. du Plessis. De là il prit confiance que Dieu le vouloit ayder. Le quartier de ceux qui le tenoient estoit à Damery sur Marne. En y allant, monsr du Plessis estoit en fort grand pene de se délivrer de papiers dangereux et de lettres de divers Princes et païs qu’il avoit sur luy, ce qu’il ne peut, estant tousjours fort esclairé d’eux ; mais estant arrivé, il desbride promptement son cheval, et sortant les fourre dedans le chaume du logis en un toict bas. C’estoit le dixième d’octobre 1575. Or, en souppant il commençoit à s’apprivoiser avec eux ; mais le lendemain matin, onziesme d’octobre, le mareschal de Rhetz commanda au sr de la Borde de fouiller son prisonnier, s’il n’avoit point de papiers, par cela qu’aucuns des prisonniers s’en estoient trouvés chargés. Le dit sr de la Borde vient à monsr du Plessis avec préfaces qu’il luy déplaisoit bien de faire ce qui luy estoit commandé, mais que la chose luy avoit esté enjoincte sy expressément qu’il n’osoit faillir. M. du Plessis doutoit qu’il n’eust charge de le tuer, et luy respond qu’il estoit entré ses mains. Enfin il parla plus clayrement, et le pria de monstrer et vuyder ses poches devant luy ; mais il le pria de les fouiller luy-mêmes, pour en respondre plus assurément, et luy vint à propos d’y avoir pourveu à ses papiers à temps. Le douzième, ils viennent à Ventueil où la dame du lieu estoit de la religion et amye de M. du Plessis ; elle festoya M. le viconte de Tavannes, auquel ce