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reste, les Reistres pareillement, qui fuirent jusques à Marigny sur Orbaiz, et dès le soir, envoyèrent parlementer et se rendirent. M. de Guise fut blessé en poursuyvant la victoire, et les particuliarités en sont en l’histoire. En ceste charge, M. du Plessis, duquel j’escritz sans m’arrester aux autres fut pris de la compaignie de M. le vicomte de Tavennes[1], renforcés de partie de celle de M. Tavanes, son frère aisné, mais celuy auquel il se rendit, gentilhomme Bourguignon, nommé la Borde, de la compaignie du dit sr de Tavanes. Monsr du Plessis estoit allé à la charge sur un cheval fort harassé et avoit quitté son casque et ses brassarts et cassettes ; Dieu le préserva et n’eut qu’un coup de lance qui n’estoit rien parce que l’ennemy ne vint à la charge qu’au trot. Estant pris, un de la ditte compaignie le voulut tuer, mais le dit de la Borde l’en empescha. Il lui demanda sa bourse qu’il luy bailla, et y avoit environ trente quattre doubles ducatz, et deux lettres de moy, l’une inscrite à M. du Plessis, l’autre à M. de Boinville, (qui est le nom d’une terre en Beausse,) et le pria de les garder, disant que c’estoient lettres d’une maîtresse. On le fait monter sur un cheval défferré, et marcher en bataille avec les autres, mais il se reconnoissoit prou pour prisonnier, car il estoit armé à cru. La blessure de M. de Guise en aigrissoit plusieurs, et courut danger de sa vie plusieurs fois en ceste occasion. La rivière passée, on fit halte sur une coline, près

  1. Jean de Saulx Tavannes, né en 1553, n’avait donc que vingt ans au combat de Dormans. Son frère aîné, Guillaume de Saulx Tavannes était né en 1538. Tous deux étaient fils du maréchal de Tavannes.