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Guise moïen de les atteindre. En ce séjour, non loin de Sedan, M. de Thoré, se trouvant pressé de ses Reistres qui demandoient argent premier que d’arborer leurs cornettes, pria M. du Plessis d’aller jusqu’à Sedan pour tascher de recouvrer argent des plus aysés et volontaires, lequel luy accorda, touteffois après luy avoir fait entendre qu’il n’y avoit aucun espoir, et qu’il n’y avoit que personnes réfugiés qui n’avoient que leurs nécessitez. Quelques jours auparavant, M. du Plessis, prévoyant ce malheur, luy avoit donné avis de se loger avec toutes ses trouppes plus serrés en exemptant et réservant les plus riches bourgs, leur envoyant signifier de journée en journée que, s’ilz ne se racheptoient de raisonnable somme, on leur envoyeroit les Reistres, ce que sans doute ilz eussent volontiers fait ; et n’eust laissé l’armée d’estre prou bien logée pour une passade ; et moyennant ce il n’y a doute que M. de Thoré n’eust eu de quoy payer ses Reistres qui n’estoient que environ quinze cens, lesquelz à faute d’argent ne vouloient faire serment. Monsr du Plessis donq arrivé à Sedan, voyant, comme il prévoyoit assez, qu’il n’y avoit aucun moïen de toucher argent, s’en retourna le lendemain, et monsr d’Heudreville qui le conduit hors la ville, le pria en se séparant de luy dire son avis de ceste armée. M. du Plessis luy répondit : « Quand l’orgueil vient, l’ignominie le suit de près, » puis luy ajousta, (car il parloit à luy fort confidemment) que dans troys jours ilz seroient deffaictz par la présomption de leur chef et le peu de conduite tout ensemble. Il revint donq à Attigny où estoit M. de Thoré, où il ne trouva rien qui luy donnast