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en leurs absences d’assister monsieur du Plessis en cest endroict comme Père. Monsieur de Lizi donq me bailla leurs lettres, et, me parlant affectionnément de monsr du Plessis, me dit n’avoir qu’ung filz, mais qu’il eust voulu qu’il luy eust cousté la meilleure partie de son bien, et qu’il eust ressemblé à monsr du Plessis. Après luy avoir respondu comme je m’estimerois heureuse sy Dieu permettoit que la chose se trouvast agréable à ceux desquelz je dépendois, je luy demanday temps, avant que luy déclarer ma résolution, d’en escrire à madamoyselle de la Borde ma mère, et à mes parens affin d’en savoir leur volonté. Ainsy, je leur en escrivis à tous comme de chose que j’affectionnois, et en laquelle touteffois je ne passerois outre sans leur permission. Aussy en demanday-je conseil aux parens de feu monsieur de Feuquères, mon mary, et autres de mes amys ; en quoy il se passa du temps assés, tellement qu’il estoit le moys de jung 1575 quand nous eusmes responce de tous. Dieu nous montra tellement qu’il avoit ordonné notre mariage pour mon grand bien que nous eusmes un consentement réciproque de tous ceux à qui nous le demandasmes ; ceux qui congnoissoient M. du Plessis m’estimoient heureuse de ceste rencontre et me conseilloient de me diligenter ; les autres qui ne le congnoissoient pas s’en remettoient à moy. Ainsy ayans eu de part et d’autre ung consentement des nostres respectivement en nostre mariage, nous avisasmes ensemble de dresser quelques articles lesquelz nous communicquasmes à monsr de Lizi qui les trouva bons, de sorte que nous n’y appelasmes aucun avocat, et luy aussy n’y chan-