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+Religion, par le moyen du Seigneur des Avelles ne se saisist de la place pour en faire selon la volonté du Roy. Elle après l’avoir ouy, toute affligée qu’elle estoit, se délibère d’en escrire à monsr de Bouillon, qui estoit en une autre chambre, lequel, après avoir veu sa lettre, la voulut voir pour en communiquer avec elle. Elle se feit donc porter en sa chambre, et après résolution prise entr’eux, fut reportée en son lit. Le lendemain, feu monsr de Bouillon envoye quérir ses plus confidens, particulièrement fait prier M. du Plessis de s’y trouver, et avec eux esclarcit les moyens d’effectuer sa ditte résolution. Puis appelle tous ceux de son conseil et les principaux de sa maison et leur déclare que, pour certaines causes, monsr des Avelles ne pouvoit plus exercer sa charge, et pour ce, sur l’heure mesmes luy ayant demandé les clefz, les mit ès mains de messieurs du Plessis, de la Laube, d’Espan, d’Arson et de la Marcillière, conseiller au grand conseil, pour, appellés les officiers et gardes du chasteau, leur déclarer l’intention du dit Seigneur duc de Bouillon et les remettre ès mains du dit sieur de la Laube, lieutenant de sa compagnie. Ainsy ceste place fut assurée et le sïeur des Avelles partit dans vingt quattre heures, et deux jours après mourut feu monsr de Bouillon[1] fort chrestiennement, remettant madame sa femme, messieurs ses enfans et son estat soubs la conduite de

  1. Henri Robert, duc de Bouillon, mourut le 2 décembre 1574. Son fils aîné Guillaume Robert lui succéda ; il mourut sans enfants en 1588, et institua légataire de tous ses biens sa sœur Charlotte de la Marck, qui, épousa en 1551, Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, qui devint ainsi duc de Bouillon