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LES JOURNÉES

qu’elle me fît connoître ma véritable famille ; mais que jusqu’à cette parfaite connoiſſance, elle n’avoit rien à eſpérer de moi.

J’y conſens, me dit-elle ; & pour commencer de vous éclaircir, dumoins ſur un article, ſachez que le nom de Moſare que vouſi portez renferme celui d’Orſame, qui eſt le vôtre véritable ; que Roſemonde s’appelloit Argine ; & que votre mere ſe nommoit Arſeſne.

À peine l’Inconnu eut-il prononcé les noms d’Arieſne & d’Orſame, que Philimene & moi fîmes un cri de joye qui le ſurprit autant qu’il l’avoit paru du diſcours de Fatime ; mais faiſant un effort ſur nous-mêmes, achevez, Seigneur, lui dit Philimene, vous êtes devant des perſonnes toutes diſpoſées à vous ? rendre ſervice, & ceux que vous nommez dans votre récit nous ont été ſi chers, que vous nous le devenez infiniment. Je ne me trouve plus à plaindre, Madame, répondit-il, après une telle aſſurance.

Fatime, continua-t-il, me dit encore qu’elle étoit dépoſitaire de certaines preuves qui ne ſeroient peut-être pas conſidérables pour moi, mais qu’elles le ſeroient pour ceux à qui j’appartenois : mais que pour être parfaitement éclairci, il falloit quitter le Mexique, & ſe rendre en ce pays-ci. Et pour vous convaincre, ajouta-t-elle, de la vérité de mes paroles, voici, dit-elle en m’apportant une caſſette qu’elle ſerroit toujours avec ſoin, ce qui