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LES JOURNÉES

Uranie voyant qu’elle ſe levoit en achevant ces mots, en fit de même, ainſi que toute la Compagnie.

Vous nous laiſſez, dit alors Thélamon, dans un endroit qui excite terriblement notre curioſité ; & je lis dans les yeux des Dames, qu’elles préféreroient volontiers le plaiſir de vous entendre, au ſouper qui nous attend : d’autant plus que ne doutant point que nous n’ayons ici cet Orſame qui vous eſt ſi cher, l’inclination qu’il nous a inſpirée nous donne une extrême envie de ſavoir ſes avantures.

Ce n’eſt pas le moindre effet du bonheur de mon étoile, répondit-il ; & il me paroit qu’elle me conduit par degrez à une félicité parfaite.

Pour moi, dit Uranie, je prens trop d’intérêt à ce qui touche Béliſe & Julie, pour n’en prendre pas infiniment à votre ſort ; & j’avoue que je vois avec chagrin l’interruption d’un diſcours, où je prévois qu’on doit beaucoup parler de vous.

Il eſt vrai, dit Camille, & mon humeur enjouée s’en trouve altérée.

En-vérité, dit Orophane, nous ne devons pas permettre que Béliſe remette à demain la ſuite de ſon hiſtoire ; &c je trouve que c’eſt beaucoup faire que de ſouper ſur notre curioſité, ſans nous obliger à paſſer une nuit pleine d’inquiétude.

Je ſuis de votre avis, dit Florinde, Béliſe a mis mon cœur dans une ſituation ſi agitée, qu’elle eſt obligée de l’en tirer.