Page:Madame de Gomez Les journées amusantes Tome 1 1754.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
LES JOURNÉES

homme, de lui pardonner un crime quelle n’avoit commis que par tendreſſe pour lui : qu’elle lui avouoit que c’étoit elle qui avoit fait enlever Orſame, de concert avec ſa gouvernante, à laquelle elle avoit donné une ſomme conſidérable pour trafiquer aux Indes, où elle les avoit fait paſſer ; & que depuis, elle n’en avoit eu nulles nouvelles.

Ce diſcours fit frémir Arimon : mais la voyant dans un état qui ne lui permettoit pas les reproches, il ſe contenta de lui dire qu’il falloit qu’elle déclarât en ma préſence toutes les circonſtances de cette trahiſon : & pour ne point perdre de tems, il me dépêcha un courier, qui me rendit une lettre de ſa part avec ces mots. Partez, Madame, venez chez Armire, elle ſe meurt, le tems preſſe ; & vous devez être inſtruite de ſa bouche d’un ſecret duquel dépend votre repos, & l’honneur de celui qui met toute ſa gloire à mériter votre eſtime.

Arimon.

Je reçus cette lettre, continua Béliſe, la veille que vous deviez arriver chez moi, ma chere Uranie ; & elle fut cauſe que je ne pus profiter du plaiſir de vous y recevoir. Je trouvai la mere d’Arimon en aſſez bon ſens pour m’expliquer, ſans nuls détours, le crime qu’elle avoit commis pour faire tomber ſur Arimon le bien d’Orſame. Je fis dreſſer un acte de tout ce qu’elle me déclara ; & ſon