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AMUSANTES.

un inſtant la cauſe des ſoins de Philinte, & celle de mon eſtime pour lui ; mais cachant à Dorante l’état ſecret de mon ame, je me fis honneur près de lui du conſentement que je donnai de ſuivre ſes volontez ſans répugnance.

Comme j’achevois de parler, Philinte parut avec Arſeſne, qu’il me preſenta comme une ſœur ſoumiſe à ce qu’il avoit réſolu. Je dégage, me dit elle en m’embraſſant, la parole que je viens de donner, ſi vous vous oppoſez au bonheur de mon frere. Celui de Dorante m’eſt trop précieux, lui répondis-je, pour le retarder : ainſi, charmante Arſeſne, j’aſſure Philinte en votre préſence que j’accepte avec plaiſir le cœur qu’il veut bien m’offrir. Philinte me répondit de façon à me faire croire que le ſilence qu’il s’étoit impoſé juſqu’alors, n’avoit fait que rendre ſon amour plus violent. Dorante rendit mille graces à ſa chere Arſeſne, de l’aveu qu’elle lui fit de ſon eſtime pour lui. Enfin, cette double union conclue, nos freres ne ſongerent plus qu’à la terminer, & jugerent à propos de venir dans la Capitale, Dorante voulant la rendre ſolemnelle.

Arſerne donna ſes ordres pour la ſûreté de ſon fils, qu’elle aimoit d’une tendreſſe infinie ; & peut-être ne ſe fût-elle jamais réſolue à prendre un ſecond engagement, ſans les avantages conſidérables que Dorante faiſoit à cet enfant.

Toutes nos meſures priſes, il fallut partir ; mais nous fumes vivement touchez de l’ex-