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LES JOURNÉES

ſe retira en ſaluant la Compagnie avec une grace charmante. L’Inconnu la ſuivit quelques pas, lui parla bas, il parut qu’elle lui répondoit avec tendreſſe, & il la quitta pour écouter ce que Béliſe avoit à dire ; ſa préſence y étant néceſſaire, pour le faire connoître à la Compagnie.

Béliſe voyant qu’on ſe préparoit à l’entendre, commença de cette ſorte en s’adreſſant à Uranie.


HISTOIRE
de Bélise, d’Orsame, & de Julie.


VOus savez, ma chère Uranie, que ma famille a tenu un rang assez distingué, & que : quantité des plus belles Charges presque héréditaires dans ma Maison l’ont rendue illustre. Quoique vous me connoissiez parfaitement, je suis obligée de vous faire souvenir de ces choses, pour l’éclaircissement de ce que j’ai à vous apprendre. Mon pere, qui avoit amassé de grandes richesses, tant par ses emplois, considérables, que par le retour heureux de plusieurs vaisseaux qu’il avoit envoyez aux Indes, ne laissa d’un mariage avantageux qu’un fils & moi.

Ma mere étant morte la première, il me fit élever dans une maison de vos Vierges voi-