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LES JOURNÉES

cher Orſame, ce Thélamon & cette Uranie que vous avez tant d’envie de connoître, & dont le mérite a fait une ſi forte impreſſion ſur vous. Je ne les ai point méconnus, Madame, lui répondit-il, en s’avançant à Thélamon, qui ouvroit déjà les bras pour le recevoir, & cette même impreſſion dont vous parlez m’en a d’abord inſtruit. Alors s’adreſſant à Uranie, il lui rendit ce que tout le monde lui devoit avec une grâce infinie.

Thélamon & elle répondirent avec leur eſprit ordinaire à cet obligeant diſcours ; & la Compagnie s’etant jointe, Béliſe & Julie reçurent les amitiez, de Félicie, de Camille, & de Florinde. Orophane qui étoit fort connu de Béliſe, fut préſenté de ſa main aux deux inconnus, qui ne démentirent en rien l’opinion que leur phiſionomie donnoit de leur eſprit.

Le plus âgé des deux, malgré un grand air de mélancolie, faiſoit remarquer tant de graces dans ſes avions, qu’on ne pouvoit lui refuſer de l’eſtime & de la conſidération.

Pour celui que Béliſe avoit nommé Orſame, une certaine conformité de grandeur d’ame & de ſentimens ſe trouvant entre Thélamon & lui, leurs cœurs ſe lierent à cette première vuë, comme s’ils s’étoient connus depuis long-tems ; & l’on peut dire que la ſimpathie leur abrégea celui qu’il faut pour ſe connoître parfaitement.

Comme l’eſpace étoit encore long juſqu’au