Page:Madame de Gomez Les journées amusantes Tome 1 1754.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
AMUSANTES.

Les deux cavaliers qui étoient promtement deſcendus de cheval pour leur donner la main, attirerent l’attention d’Uranie & de la Compagnie, perſonne ne les connoiſſant ; ſurtout le plus jeune des deux fit impreſſion ſur elle ; il étoit grand, la taille belle, aiſée, les yeux noirs, le nez bien fait, la bouche admirable, & un air de grandeur & de nobleſſe qui faiſoit juger de celle de ſa naiſſance ou de ſes ſentimens ; il donnoit la main à Béliſe.

Uranie s’avança avec précipitation pour l’embraſſer. Vous êtes ſans-doute ſurpriſe, lui dit-elle, après lui avoir rendu ſes careſſes, & ſalué la Compagnie, de me voir prendre la liberté d’amener chez vous des perſonnes inconnues : mais, ma chere Uranie, mon amitié ne me permet pas de vous laiſſer ignorer mes chagrins ou ma joye ; & je viens vous faire partager l’un & l’autre. Comme les perſonnes que vous voyez en ſont les principaux objets, j’ai cru leur préſence néceſſaire à tout ce que j’ai à vous dire.

C’eſt augmenter ma joye bien obligeamment, lui dit Uranie, que d’y ajouter cette marque de confiance ; & quand je ne ſerois. pas diſpoſée, comme je le ſuis, à recevoir avec plaiſir tout ce qui a rapport à vous, les perſonnes qui vous accompagnent ſont faites d’un air à s’attirer la conſidération de tout le monde.

Alors Béliſe ſe tournant vers le cavalier qui l’aidoit à marcher ; Voilà, lui dit-elle, mon