Page:Madame de Gomez Les journées amusantes Tome 1 1754.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
LES JOURNÉES

parler ſans être entendu, propoſa la promenade pour lui en faciliter les moyens, en diſant qu’elle n’empêcheroit pas de parler ſur ce qu’on venoit d’entendre.

À ces mots on ſe leva ; Thélamon donna la main à Uranie ; Camille & Florinde s’étant priſes ſous le bras, laiſſérent à Ororhane la même liberté auprès de Félicie : ainſi, ſans être ſépafez, chacun ſe trouva ſelon ſon inclination.

Je ſuis le plus fortuné des hommes, dit Thélamon à Uranie en marchant, ſi ce que vous venez de dire me regarde ; & mon ſort eſt des plus glorieux, ſi je puis me flatter que vous me connoiſſiez aſſez, pour croire que vous m’avez inſpiré tous les ſentimens que vous devez ſouhaiter dans un cœur qui vous adore.

Je vous aſſure, répondit Uranie, qu’en faiſant le portrait de l’Amour parfait, j’ai cru faire celui de l’honnête-homme ; & que vous ayant toujours trouvé tel, mon diſcours ne regarde que vous : les termes où nous en ſommes, ne me permettent pas de vous diſſimuler mes ſentimens ; la délicateſſe des vôtres fait tout mon bonheur ; & j’ai cru que je leur devois la foible reconnoiſſance, de vous faire voir que je connois tout le prix du cœur que je me flatte de poſſéder. Vous voyez, Thélamon, que je parle avec l’aſſurance d’une femme qui a donné ſa foi : mais je vous conjure de vous ſouvenir qu’il faut