Page:Madame de Gomez Les journées amusantes Tome 1 1754.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
LES JOURNÉES

je dois vous inſtruire que nous fumes priées, Félicie & moi, d’aller paſſer quinze jours chez Béliſe : comme c’eſt la perſonne la plus eſtimable, cette partie nous fit plaiſir, nous nous y rendîmes ; mais en arrivant, nous apprîmes qu’elle avoit été obligée de partir pour la Province, pour une affaire importante : elle nous fit prier de ne pas priver Julie ſa niéce de notre préſence, puiſqu’elle l’avoit laiſſée pour nous recevoir.

Julie eſt une fille charmante. & d’un eſprit tout-à-fait éclairé ; ainſi, nous n’eûmes pas de peine d’accorder à Béliſe ce qu’elle nous demandoit, eſtimant aſſez Julie pour faire le voyage à ſa conſidération : elle nous reçut avec toutes ſes grâces : nous y trouvâmes bonne compagnie, en hommes & en femmes ; & le lendemain, elle ſur augmentée de Damon & d’Orophane. Je crois que vous connoiſſez Damon, & que ſon caractère ne vous a pas échapé. Non ſans-doute, repondit Camille ; c’eſt un de ces hommes qui trompent, il parle comme s’il avoit de l’eſprit, on lui en trouve même ſur certaines choſes ; mais lorſqu’on approfondit, on voit l’erreur dans laquelle on étoit tombé, & qu’il ne doit qu’à ſes opinions toujours contraires à celles des autres, & à la violence dont il aſſaiſonne ſes diſcours, l’attention qu’on lui prête quelquefois.

Ce Damon tel que vous le peignez, continua Uranie, fit naître une diſpute entre