Page:Macrobe (Œuvres complètes), Varron (De la langue latine) Pomponius Méla (Œuvres complètes), avec la traduction en français, 1863.djvu/70

Cette page n’a pas encore été corrigée

seul instant ce mouvement, l’animal cesse d’exister. Ici finit ce que nous avions à dire sur ce titre d’intelligence du monde, donné au soleil par Cicéron. Quant à la raison pour laquelle il le nomme principe régulateur du monde, elle est aisée à trouver ; car il est tellement vrai que le soleil règle la température non seulement de la terre, mais celle du ciel, appelé avec raison sphère du monde, que les deux extrémités de cette sphère, les plus éloignées de l’orbite solaire, sont privées de toute chaleur, et languissent dans un continuel état de torpeur. Nous reviendrons incessamment sur cet objet, auquel nous donnerons plus de développement.

Il nous reste maintenant à parler de la grandeur du soleil. Le peu que nous avons à dire à ce sujet est appuyé sur des témoignages irrécusables, et ne sera pas sans intérêt. Le principal but des physiciens, dans toutes leurs recherches sur la mesure de cet astre, a été de connaître l’excès de sa grandeur sur celle de la terre. D’après Eratosthène, dans son traité des mesures, celle de la terre, multipliée par vingt-sept, donne celle du soleil ; et, selon Posidonius, ce multiplicateur est infiniment trop faible. Ces deux savants s’appuient, dans leurs hypothèses, sur les éclipses de lune : c’est par ce phénomène qu’ils démontrent que le soleil est plus grand que la terre, et c’est de la grandeur du soleil qu’ils déduisent la cause des éclipses de lune ; en sorte que de ces deux propositions, qui doivent s’étayer réciproquement, aucune n’est démontrée, et que la question reste indécise ; car que peut-on prouver à l’aide d’une assertion qui a besoin d’être prouvée ? Mais les Égyptiens, sans rien donner aux conjectures, sans chercher à s’aider des éclipses de lune, ont voulu d’abord établir par des preuves isolées, et se suffisant à elles-mêmes, l’excès de grandeur du soleil sur celle de la terre, afin d’en conclure ensuite la cause des éclipses de lune. Or, il était évident que ce ne pourrait être qu’après avoir mesuré les deux sphères qu’où arriverait à cette conclusion, puisqu’elle devait être le résultat de la comparaison des deux grandeurs. La mesure de la terre pouvait être aisément déterminée par le calcul, aidé du sens de la vue ; mais, pour avoir celle du soleil, il fallait obtenir celle du ciel, à travers lequel il fait sa révolution. Les astronomes égyptiens se décidèrent donc à mesurer d’abord le ciel, ou plutôt la courbe que le soleil y décrit dans sa course annuelle, afin d’arriver à la connaissance des dimensions de cet astre.

C’est ici le moment d’engager ceux qui, n’ayant rien de mieux à faire, emploient leurs loisirs à feuilleter cet ouvrage ; de les engager, dis-je, à ne pas regarder cette entreprise de l’antiquité comme un acte de folie, fait pour exciter l’indignation ou la pitié. Ils verront bientôt que le génie sut se frayer la route à l’exécution d’un projet qui semble excéder les bornes de l’entendement humain, et qu’il parvint à découvrir la grandeur du ciel, au moyen de celle de la terre ; mais l’exposition des moyens qu’il employa doit être précédée de quelques notions qui en faciliteront l’intelligence.

Le milieu de tout cercle ou de toute sphère se nomme centre, et ce centre n’est qu’un point qui sert à faire connaître, de manière à ce qu’on ne puisse s’y tromper, ce milieu du cercle ou de la sphère. En outre, toute droite menée d’un point quelconque de la circonférence à un autre point de cette même circonférence donne nécessairement une portion de cercle ; mais cette portion