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trois livres qu’a écrits Ptolémée sur l’harmonie.

La tendance, dit ce géographe astronome, que montrent des substances diverses à se lier et à s’unir par d’étroits rapports, est l’effet de quelques nombres positifs sans l’intermédiaire desquels deux choses ne pourraient opérer leur jonction : ces nombres sont l’épitrite, l’hémiole, l’épogdous, la raison double, triple et quadruple. Nous ne donnons ici que leurs noms ; plus tard, en parlant de l’harmonie du ciel, nous aurons une occasion favorable de faire connaître leurs valeurs et leurs propriétés. Tenons-nous en, pour le moment, à savoir que sans ces nombres il n’y aurait dans la nature ni liaison ni union.

Le soleil et la lune sont les deux astres qui ont le plus d’influence sur notre existence ; car, sentir et végéter sont deux qualités inhérentes à tous les êtres périssables : or, nous tenons la première du soleil, et la seconde du globe lunaire : nous devons donc à l’une et à l’autre étoile le bienfait de la vie. Cependant les cinq autres sphères mobiles partagent avec le soleil et la lune le pouvoir de déterminer nos actions et leurs résultats. Parfois il arrive que les calculs des nombres mentionnés ci-dessus, établis sur la position relative de ces deux derniers globes et des cinq premiers, ont un rapport exact, et quelquefois aussi ce rapport est nul. Ces convenances de nombres existent toujours entre Vénus et Jupiter, et entre le soleil et la lune ; avec cette différence que l’union de Jupiter et du soleil est cimentée par la totalité des relations numériques, tandis que celle de Jupiter avec la lune ne l’est que par plusieurs de ces rapports ; de même l’association de Vénus et de la lune est garantie par l’accord de tous les nombres, et celle de Vénus et du soleil l’est seulement par celui de plusieurs d’entre eux. Il suit de là que de ces deux planètes, réputées bénignes, savoir, Jupiter et Vénus, la première a plus d’affinité avec le soleil, et la seconde avec la lune. Elles nous sont donc d’autant plus favorables, qu’elles ont des liaisons de nombres plus intimes avec les deux astres qui nous ont donné l’être. Quant aux planètes de Saturne et de Mars, elles ne sont pas tellement privées de tous rapports avec les deux flambeaux du monde, qu’on ne puisse trouver au dernier degré de l’échelle numérique l’aspect de Saturne avec le soleil, et celui de Mars avec la lune ; d’où l’on voit qu’elles doivent être peu amies de l’homme, puisqu’elles ont avec les auteurs de nos jours des relations de nombres trop indirectes. Nous dirons ailleurs pourquoi ces deux astres sont considérés quelquefois comme dispensateurs de la puissance et de la richesse : qu’on veuille bien se contenter à présent de l’explication que nous venons de donner sur les deux étoiles de Jupiter et de Mars, l’une salutaire, et l’autre redoutable. Selon Plotin, dans son traité intitulé du Pouvoir des astres, les corps célestes n’ont aucun pouvoir, aucune autorité sur l’homme ; mais il affirme que les événements qui nous sont réservés par les décrets immuables du destin peuvent nous être prédits d’après le cours, la station et la rétrogradation des sept corps dont il est question, et qu’il en est de ces prédictions comme de celles des oiseaux, qui, soit en mouvement, soit en repos, nous annoncent l’avenir qu’ils ignorent par leur vol ou par leur voix. C’est dans ce sens que Jupiter mérite le surnom de salutaire, et Mars celui de redoutable, puisque le premier nous pronostique le bonheur, et le second l’infortune.