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puisque Cicéron ajoute tout de suite : « Qui dirige et qui contient tous les autres. »

Cependant l’antiquité a regardé le ciel comme un dieu ; elle a vu en lui, non seulement une substance immortelle pénétrée de cette sublime raison que lui a communiquée l’intelligence la plus pure, mais encore le canal d’où découlent toutes les vertus qui sont les attributs de la toute-puissance. Elle l’a nommé Jupiter ; et, chez les théologiens, Jupiter est l’âme du monde, comme le prouvent ces vers :

Muses, à Jupiter d’abord rendez hommage :

Tout est plein de ce dieu ; le monde est son ouvrage.

Tel est le début d’Aratus, que plusieurs autres poètes lui ont emprunté. Ayant à parler des astres, et voulant d’abord chanter le ciel, auquel ils semblent attachés, il entre en matière par une invocation à Jupiter. Le ciel étant invoqué sous le nom de Jupiter, ou a dû faire de Junon, ou de l’air, la sœur et l’épouse de ce dieu : sa sœur, parce que l’air est formé des mêmes molécules que le ciel ; son épouse, parce que l’air est au-dessous du ciel.

Il nous reste à dire que, selon l’opinion de quelques philosophes, toutes les étoiles, à l’exception des sept corps mobiles, n’ont d’autre mouvement que celui dans lequel elles sont entraînées avec le ciel ; et que, suivant quelques autres, dont le sentiment paraît plus probable, les étoiles que nous nommons fixes ont, comme les planètes, un mouvement propre, outre leur mouvement commun. Elles emploient, disent ces derniers, vu l’immensité de la voûte céleste, un nombre innombrable de siècles à revenir au point d’où elles sont parties ; c’est ce qui fait que leur mouvement particulier ne peut être sensible pour l’homme, dont la courte existence ne lui permet pas de saisir le plus léger changement dans leur situation respective.

Cicéron, imbu des diverses doctrines philosophiques les plus approuvées de l’antiquité, partage l’une et l’autre opinion, quand il dit : « À ce ciel sont attachées les étoiles fixes, qu’il entraîna avec lui dans son éternelle révolution. » Il convient qu’elles sont fixes, et cependant il leur accorde la mobilité.

Chap. XVIII. Les étoiles errantes ont un mouvement propre, contraire à celui des cieux.

Voyons maintenant si nous parviendrons à donner des preuves irrécusables du mouvement de rétrogradation que le premier Africain accorde aux sept sphères qu’embrasse le ciel. non seulement le vulgaire ignorant, mais aussi beaucoup de personnes instruites, ont regardé comme incroyable, comme contraire à la nature des choses, ce mouvement propre d’occident en orient, accordé au soleil, à la lune, et aux cinq sphères dites errantes, outre celui que, chaque jour, ces sept astres ont de commun avec le ciel d’orient en occident ; mais un observateur attentif s’aperçoit bientôt de la réalité de ce second mouvement, que l’entendement conçoit, et que même on peut suivre des yeux. Cependant, pour convaincre ceux qui le nient avec opiniâtreté, et qui se refusent à l’évidence, nous allons discuter ici les motifs sur lesquels ils s’appuient, et les raisons qui démontrent la vérité de notre assertion.

Les cinq corps errants, l’astre du jour et le flambeau de la nuit, sont fixés au ciel comme les autres astres ; ils n’ont aucun mouvement apparent