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POMPONIUS MÉLA.

ancienne, et qui passe pour avoir été bâtie par Antée. On rapporte comme une preuve de cette origine, l’existence d’un, bouclier fait de cuir d’éléphant, et d’une telle grandeur qu’il ne pourrait aujourd’hui convenir à personne. Les habitants du pays tiennent et donnent pour certain qu’il servit autrefois à ce géant, et le conservent pour cela même avec une vénération toute particulière. Plus loin est une très-haute montagne située directement en face de celle qui s’élève sur la côte opposée de l’Hispanie. La première se nomme Abyla, la seconde Calpé[1], et toutes deux ensemble forment les colonnes d’Hercule. La fable rapporte à ce sujet qu’autrefois ce même Hercule sépara ces deux montagnes jointes l’une à l’autre, et qu’ainsi l’Océan, jusqu’alors arrêté par cette barrière, se répandit dans les vastes contrées qu’il couvre aujourd’hui de ses eaux. A partir de ce point, notre mer s’élargit, et s’enfonce avec une extrême impétuosité dans les terres.

La Mauritanie présente peu d’intérêt et n’a presque rien de remarquable on n’y voit que de petites villes et de petites rivières ; son sol vaut mieux que ses habitants, qu’une lâche inertie fait languir dans l’obscurité. Cepeudant, parmi quelques objets qui ne sont pas tout à fait indignes d’attention, on peut citer ces hautes montagnes qui, rangées par ordre et comme à dessein les unes à la suite des autres, sont appelées les Sept Frères, à cause de leur nombre et de leur ressemblance ensuite le fleuve de Tamuada[2], les petites vüles de Rusgada[3] (12) et de Siga[4], et un port que son étendue a fait appeler le Grand-Port[5]. Quant auMulucha[6], dont nous avons parlé, c’est un fleuve qui, après avoir autrefois servi de limite aux empires de Bocchus et de Jugurtha, ne distingue plus aujourd’hui que les nations qu’ils avaient sous leur puissance.

CHAP. VI. — La Numidie[7].

Cette contrée, moins grande que la Mauritanie, mais plus opulente et pius belle, est comprise entre le Mulucha et les rives de l’AmpsacusErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu.. Ses villes les plus considérables sont, Cirta (c) dans l’intérieur, et loi (d) sur le bord de la mer. La première, maintenant habitée par une colonie de Sittianiens, fut autrefois le lieu de la résidence des rois du pays, et s’éleva, principalement sous Syphax, au plus haut degré de splendeur. La seconde (13) anciennementobscure et ignorée, est devenue illustre non-seulement pour avoir été la capitale des possessions du roi Juba, mais encore par son nom actuel de Césarée (14). En deçà de cette dernière ville, et presque au milieu de la côte, on rencontre celles de Cartinna (e) (15) et d’Arsinna (f), le fort Quiza (g), le golfe Laturus (h) et le fleuve de Sardabale (i). Au delàs’élève un monument consacré à la sépulture commune des princes de la famille royale ; ensuite on voit les villes d’Icosium (j) et de Ruthisia (k), entre lesquelles coulent le Save (/) et le Nabar (m), etquelques autres lieux peu mémorables dont on peut se dispenser de parler, sans aucuninconvénient pour l’intérêt dela description, (a)

(b) Le Rummel ou Uuad et-

Kebir, rivière qui passe à Constantine. (c) Constantine. Cirta ayant été donnée par César à Sittius, qui Inl avait rendu des services dans la guerre de Libye, prit le nom de Sittiannrum Colonta ; el e reçut ensuite celui de Cirta Julia ; mais l’empereur Constantin y fit faire de si Importantes constructlons, cbnt on voit encore les restes, que cette ville demanda à prendre le nom de Constantina. (d) Cette ville, que le roi Juba appela Julia Cœiarea, en l’ho neur d’Auguste qui lui avait rendu une partie de ses Étais, correspond aujourd’hui à Cherchel. — (a) Cartenna Colonia, aujourd’hui Tenes. — (f) Arsinna parait être le même port que l’Arsmaria de Ptolémee, aujourd’hui Sakkiah. — (p) Mazagran — (h) Ln golfe d’Harchgoune.

(i) Peut-êtro la Tafnah, — (j) Peut-être Vacour. (k) Dans la baie de Temendfous, près d’Alger. (1) Le 1Ilazaf-Iran appelé Ouedjar par les Arabe. —

(m) Le Boudouah.

  1. Le mont Calpé est aujourd’hui Gibraltar, nom qui date du VIIe siècle, époque à laquelle Tarik, général arabe, s’en étant rendu maitre, cette montagne reçut le nom de Dgebel-al-Tarik (montagne de Tarik), d’où est venu celui de Gibraltar.
  2. Peut-être le Bedi.
  3. Melila, renommée pour son excellent miel.
  4. Nedrome.
  5. Golfe au fond duquel est situé Arzéou qui se nomme aussi Arzeio.
  6. Le Moulouia, fleuve de l’empire de Maroc, qui se jette dans la Meditérannée.
  7. La Numidie de Méla comprenait l’Algérie, depuis la Mauritanie Jusqu’au golfe de Stura, conséquemment la plus grande partie de notre province de Constantine.