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de l’orbe céleste. » C’est nous avertir de nous assurer d’abord du mouvement de rotation de celui-ci, puis de celui des sept corps errants. Nous aurons ensuite à vérifier si ce dernier mouvement a lieu en sens contraire, et si l’ordre auquel Cicéron assujettit les sept sphères est sanctionné par Platon. Dans le cas enfin où il serait prouvé qu’elles sont au-dessous du ciel des fixes, nous devrons examiner comment il se peut faire que chacune d’elles parcoure le zodiaque, cercle qui est le seul de son espèce, et qui est situé au plus haut des deux, et, enfin, nous rendre raison de l’inégalité du temps qu’elles emploient respectivement dans leur course autour de ce cercle. Toutes ces recherches doivent nécessairement faire partie de la description que nous allons donner des étoiles errantes. Nous dirons ensuite pourquoi tous les corps gravitent vers la terre, leur centre commun.

Quant au mouvement de rotation du ciel, il est démontré comme résultant de la nature, de la puissance et de l’intelligence de l’âme universelle. La perpétuité de cette substance est inhérente à son mouvement ; car on ne peut la concevoir toujours existante sans la concevoir toujours en mouvement, et réciproquement. Ainsi, le corps céleste qu’elle a formé et qu’elle s’est associé, immortel comme elle, est mobile comme elle, et ne s’arrête jamais.

En effet, l’essence de cette âme incorporelle étant dans son mouvement, et sa première création étant le corps du ciel, les premières molécules immatérielles qui entrèrent dans ce corps furent celles du mouvement spontané, dont l’action permanente et invariable n’abandonne jamais l’être qui en est doué.

Ce mouvement du ciel est nécessairement un mouvement de rotation ; car, comme sa mobilité n’a pas d’arrêt, et qu’il n’existe dans l’espace aucun point hors de lui vers lequel il puisse se diriger, il doit revenir sans cesse sur lui-même. Sa course n’est donc qu’une tendance vers ses propres parties, et conséquemment une révolution sur son axe : en effet, un corps qui remplit tous les lieux de sa substance ne peut en éprouver d’autres. Il semble ainsi s’attacher à la poursuite de l’âme qui est répandue dans le monde entier. Dira-t-on que s’il la poursuit sans relâche, c’est qu’il ne la rencontre jamais ? On aurait tort, car il doit sans cesse rencontrer une substance qui existe en tous lieux, et toujours entière. Mais pourquoi ne s’arrête-t-il pas quand il a atteint l’objet de ses recherches ? Parce que cet objet est lui-même toujours en mouvement. Si l’âme du monde cessait de se mouvoir, le corps céleste s’arrêterait ; mais la première s’infiltrant continuellement dans l’universalité des êtres, et le second tendant toujours à se combiner avec elle, il est évident que celui-ci doit toujours être entraîné vers elle et par elle. Mais terminons ici cet extrait des écrits de Plotin sur la rotation mystérieuse des substances célestes.

À l’égard de la qualification de Dieu souverain donnée par Cicéron à la sphère aplane roulant sur elle-même, cela ne veut pas dire que cette sphère soit la cause première et l’auteur de la nature, puisqu’elle est l’œuvre de l’âme du monde, qui est elle-même engendrée par l’intelligence, laquelle est une émanation de l’être qui seul mérite le nom de Dieu souverain. Cette dénomination n’est relative qu’à la position de cette sphère qui domine tous les autres globes : on ne peut s’y tromper,