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s’étend pas au delà de trois cent soixante stades, parce que notre vue n’aperçoit pas les objets éloignés de plus de cent quatre-vingts stades. Cette distance, qu’elle ne peut dépasser, est donc le rayon du cercle au centre duquel nous nous trouvons ; conséquemment le diamètre de ce cercle est de trois cent soixante stades ; et comme nous ne pouvons nous porter en avant sur cette ligne, sans la voir s’accourcir dans la même proportion qu’elle s’allonge derrière nous, il suit que nous ne pouvons faire un pas sans changer d’horizon. Quant à cette extension de notre vue à cent quatre-vingts stades, elle ne peut avoir lieu qu’au milieu d’une vaste plaine, ou sur la surface d’une mer calme. On ne doit pas nous objecter que l’œil atteint la cime d’une haute montagne, et qui plus est la voûte céleste ; car il faut distinguer l’étendue en hauteur ou profondeur, de l’étendue en longueur et largeur ; c’est cette dernière qui, soumise à nos regards, constitue l’horizon sensible. Mais c’est assez parler des cercles dont le ciel est entouré ; continuons notre commentaire.

Chap. XVI. Pourquoi nous ne pouvons apercevoir certaines étoiles ; et de leur grandeur en général.

« De là, étendant mes regards sur l’univers, j’étais émerveillé de la majesté des objets. J’admirais des étoiles que, de la terre où nous sommes, nos yeux n’aperçurent jamais. C’étaient partout des distances et des grandeurs dont nous n’avons jamais pu nous douter. La plus petite de ces étoiles était celle qui, située sur le point le plus extrême des cieux et le plus rabaissé vers la terre, brillait d’une lumière empruntée : d’ailleurs les globes étoiles surpassaient de beaucoup la grandeur du nôtre. »

Ces mots : « De là étendant mes regards sur l’univers, » viennent à l’appui de ce que nous avons dit ci-dessus, savoir, que, dans le songe de Scipion, l’entretien qu’il a avec son père et son aïeul a lieu dans la voie lactée. Deux choses excitent plus particulièrement son admiration : d’abord, la vue nouvelle pour lui de plusieurs étoiles, puis la grandeur des corps célestes en général. Commençons par nous rendre raison de ces nouvelles étoiles ; plus tard, nous nous occuperons de la grandeur des astres. L’exactitude de la description de Scipion, et l’instruction dont il fait preuve en ajoutant : « J’admirais des étoiles que, de la terre où nous sommes, nos yeux n’aperçurent jamais, » nous font connaître la cause qui s’oppose à ce que ces étoiles soient visibles pour nous. La position que nous occupons sur le globe est telle, qu’elle ne nous permet pas de les apercevoir toutes, parce que la région du ciel où elles se trouvent ne peut jamais s’offrir à nos regards. En effet, la partie de la sphère terrestre habitée par les diverses nations qu’il nous est donné de connaître s’élève insensiblement vers le pôle septentrional ; donc, par une suite de cette même sphéricité, le pôle méridional se trouve au-dessous de nous ; et comme le mouvement de la sphère céleste autour de la terre a toujours lieu d’orient en occident, quelle que soit la rapidité de ce mouvement,