Page:Macrobe (Œuvres complètes), Varron (De la langue latine) Pomponius Méla (Œuvres complètes), avec la traduction en français, 1863.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée

On ne peut douter que cet astre ne coopère à la formation et à l’entretien des substances périssables, puisque plusieurs d’entre elles augmentent ou diminuent, selon qu’il croît ou décroît ; mais ce serait le moyen d’ennuyer le lecteur, que de s’étendre davantage sur des choses si connues : nous allons donc passer au second système des platoniciens sur l’emplacement des enfers. Les partisans de ce système divisent le monde en trois ordres d’éléments, de quatre couches chacun. Dans l’ordre inférieur, ils sont ainsi rangés : la terre, l’eau, l’air et le feu, formé de la partie la plus subtile de l’air qui touche à la lune. Dans l’ordre intermédiaire, les quatre éléments sont d’une nature plus pure, et rangés de la même manière : la lune ou la terre aérienne représente notre terre ; au-dessus d’elle la sphère de Mercure tient la place de l’eau ; vient ensuite Vénus ou l’air, puis le soleil ou le feu. Dans le troisième ordre, les rangs sont intervertis, et la terre occupe la plus haute région ; de telle sorte que cette terre et celle de l’ordre inférieur sont les deux extrêmes des trois ordres. On trouve d’abord la planète de Mars, qui est le feu ; puis Jupiter ou l’air, dominé par Saturne ou l’eau ; et enfin la sphère des fixes ou la terre, qui renferme les champs Élysées, réservés aux âmes des justes, selon les traditions de l’antiquité. L’âme qui part de ces lieux pour revêtir un corps a donc trois ordres d’éléments à traverser, et trois morts à subir pour arriver à sa destination. Tel est le second sentiment des platoniciens, relativement à la mort de l’âme exilée dans un corps. Les partisans de la troisième opinion divisent, comme ceux de la première, le monde en deux parties ; mais les limites ne sont pas les mêmes. Ils font de la sphère aplane la première partie ; la seconde se compose des sept planètes, et de tout ce qui est au-dessous d’elles, y compris la terre elle-même. Selon ces philosophes, dont le sentiment est le plus probable, les âmes affranchies de toute contagion matérielle habitent le ciel ; mais celles qui, de cette demeure élevée, où elles sont environnées d’une lumière éternelle, ont jeté un regard en bas vers les corps et vers ce qu’on appelle ici-bas la vie, et qui ont conçu pour elle un secret désir, sont entraînées peu à peu vers les régions inférieures du monde, par le seul poids de cette pensée toute terrestre. Cette chute toutefois n’est point subite, mais graduée. L’âme parfaitement incorporelle ne se revêt pas tout de suite du limon grossier du corps, mais insensiblement, et par des altérations successives qu’elle éprouve à mesure qu’elle s’éloigne de la substance simple et pure qu’elle habitait, pour s’entourer de la substance des astres, dont elle se grossit. Car, dans chacune des sphères placées au-dessous du ciel des fixes, elle se revêt de plusieurs couches de matière éthérée qui, insensiblement, forment le lien intermédiaire par lequel elle s’unit au corps terrestre ; en sorte qu’elle éprouve autant de dégradations ou de morts qu’elle traverse de sphères.

Chap. XII. Route que parcourt l’âme, en descendant de la partie la plus élevée du monde vers la partie inférieure que nous occupons.

Voici le chemin que suit l’âme en descendant du