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« Les larmes d'un héritier sont le rire sous le masque. »

« La colère s'attire plus de mal que la patience. »

« Celui qui fait un second naufrage accuse Neptune à tort. »

« Trop de contestation fait perdre la vérité. »

« C'est un demi-bienfait de refuser vite ce qui est demandé. »

« Sois avec ton ami en songeant qu'il peut devenir ton ennemi. »

« Supporter une ancienne injure, c'est en quêter une nouvelle. »

« On ne triomphe jamais d'un danger, sans danger. »

Mais puisque je suis venu à parler du théàtre, je ne dois oublier ni le comédien Pylade, qui s'illustra dans son art du temps d'Auguste, ni Hylas son disciple, qu'il instruisit jusqu'au point de devenir son rival. Les suffrages du peuple étaient divisés entre eux. Hylas exécutait un jour une pantomime musicale, dont la finale était

Τὸν μέγαν ᾿Αγαμέμνονα

« Le grand Agamemnon : »

et en disant ces mots, il se redressait comme pour dessiner une haute stature. Pylade ne pouvant supporter cela, lui cria de sa loge

Σὺ μακρὸν οὐ μέγαν ποιεῖς

- « Tu le fais long, et non pas grand. »

Alors le peuple l'obligea à exécuter la même pantomime; et lorsqu'il en fut venu à l'endroit qu'il avait relevé, il prit l'air d'un homme qui réfléchit, persuadé que le principal caractère d'un grand général est de penser pour tout le monde. Hylas jouait le rôle d'OEdipe; Pylade le reprit sur la sécurité qu'il y montrait, en lui disant :

Σὺ βλέπεις

« Songe que tu es aveugle. »

Dans le rôle d'Hercule furieux, plusieurs personnes trouvaient que Pylade ne conservait pas assez la démarche qui convient à un acteur : alors quittant son masque, il gourmanda ses critiques en ces termes :

Μωροὶ, μαινόμενον ὀρχοῦμαι

« Insensés, songez que je joue un fou ; »

et en même temps il jeta ses flèches au milieu du peuple.

Jouant le même rôle par ordre d'Auguste dans fine salle particulière, il banda son arc et lança sa flèche; et l'empereur ne fut point offensé que Pylade fît avec lui comme il avait fait avec le peuple romain. On lui attribuait d'avoir remplacé la pantomime sans art de nos ancêtres, par une nouvelle pantomime beaucoup plus gracieuse. Auguste lui ayant demandé quel avait été son procédé, il répondit

Αὐλῶν συρίγγων τ' ἐνοπὴν, ὁμαδόν τ' ἀνθρώπων

« Qu'il avait substitué la flûte à la voix humaine. »

Sa rivalité avec Hylas ayant occasionné une sédition parmi le peuple, excita l'indignation d'Auguste; ce que Pylade apprenant, il s'écria :

Καὶ ἀχαριστεῖς βασιλεῦ· ἔασον αὐτοὺς περὶ ῆμᾶς ἀσχολεῖσθαι

« Tu es un ingrat, ô prince! Laisse-les s'occuper de nous. »

CHAPITRE VIII. Préceptes de Platon touchant l'usage du vin; et combien il est honteux et même dangereux d'être sujet aux plaisirs de la bouche et du tact.

Cette conversation provoqua la gaieté; et tandis qu'on louait la mémoire ornée et l'aménité d'esprit d'Aviénus, un serviteur avança les secondes tables. Alors Flavien prenant la parole, dit :

- Bien des gens, je pense, ne sont pas de l'avis de Varron, qui, dans son ingénieuse satire Ménippée intitulée : « Tu ne sais ce que t'apporte le soir, » bannit les mets raffinés du second service. Mais toi, Cécina, qui as une meilleure mémoire,