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plus solide, réservées aux vertueux administrateurs de la chose publique.

« Mais afin de vous inspirer plus d’ardeur à défendre l’État, sachez, continua mon aïeul, qu’il est dans le ciel une place assurée et fixée d’avance pour ceux qui auront sauvé, défendu, agrandi leur patrie, et qu’ils doivent y jouir d’une éternité de bonheur. » Bientôt après il désigne nettement ce séjour du bonheur, en disant :

« Imitez votre aïeul, imitez votre père ; comme eux cultivez la justice et la piété ; cette piété, obligation envers nos parents et nos proches, et le plus saint des devoirs envers la patrie : telle est la route qui doit vous conduire au ciel, et vous donner place parmi ceux qui ont déjà vécu, et qui, délivrés du corps, habitent le lieu que vous voyez. » Ce lieu était la voie lactée ; car c’est dans ce cercle, nommé galaxie par les Grecs, que Scipion s’imagine être pendant son sommeil, puisqu’il dit, en commençant son récit :

« D’un lieu élevé, parsemé d’étoiles et tout resplendissant de lumière, il me montrait Cartilage. » Et, dans le passage qui suit l’avant-dernier cité, il s’explique plus clairement encore : « C’était ce cercle dont la blanche lumière se distingue entre les feux célestes, et que, d’après les Grecs, vous nommez voie lactée. De là, étendant mes regards sur l’univers, j’étais émerveillé de la majesté des objets. »

En parlant des cercles, nous traiterons plus amplement de la galaxie.

Chap. V. Quoique tous les nombres puissent, en quelque sorte, être regardés comme parfaits, cependant le septième et le huitième sont particulièrement considérés comme tels. Propriétés qui méritent au huitième nombre la qualification de nombre parlait.

Nous avons fait connaître les rapports de dissemblance et de conformité des deux traités de la République écrits par Cicéron et son prédécesseur Platon, ainsi que le motif qu’ils ont eu pour faire entrer dans ces traités, le premier, l’épisode du songe de Scipion, et le second, celui de la révélation d’Her.

Nous avons ensuite rapporté les objections faites à Platon par les épicuriens, et la réfutation dont est susceptible leur insignifiante critique ; puis nous avons dit quels sont les écrits philosophiques qui admettent la fiction, et ceux dont elle est entièrement bannie : de là nous avons été amenés à définir les divers genres de songes, vrais ou faux, enfantés par cette foule d’objets que nous voyons en dormant, afin de reconnaître plus aisément ceux de ces genres auxquels appartient celui de Scipion.

Nous avons dû aussi discuter s’il convenait de lui prêter un tel songe, et exposer le sentiment des anciens relativement aux deux portes par où sortent les songes ; enfin, nous avons développé l’esprit de celui dont il est ici question, et déterminé la partie du ciel où le second Africain, pendant son sommeil, a vu et entendu tout ce qu’il raconte. Maintenant nous allons interpréter, non pas la totalité de ce songe, mais les passages d’un intérêt marquant. Le premier qui se présente est celui