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détruit ; et tourne contre l’ordre de la liberté ces armes avec lesquelles il avoit subjugué la force de la tyrannie. La tentative de punir l’esprit qui fait agir un peuple, seroit vaine, si elle étoit juste, et cruelle, si elle étoit possible. Un peuple est trop nombreux pour être puni sous le point de vue de la justice, et trop fort pour l’être sous celui de la politique. L’ostentation de la vigueur prouveroit, dans un pareil cas, le manque de puissance, et la rigueur de la justice conduiroit à la cruauté de l’extirpation. Il ne reste donc aucun autre remede que les progrès de l’instruction, la force de la persuasion, la douce autorité de l’opinion. Ces remedes, quoiqu’infaillibles, n’operent que lentement ; et dans l’intervalle qui s’écoule avant que le calme succede aux momens orageux de la révolution, on ne doit guere s’attendre qu’un peuple, accoutumé à la barbarie par ses oppreseurs, et qui a des siecles d’oppression à venger, sera extrêmement généreux dans son triomphe, ou bien délicat dans le choix de ses victimes, ou fort doux dans ses représailles.