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lorsqu’ils sont nouveaux (1). Le prince alors n’a besoin que de ne pas outrepasser l’ordre suivi par ses ancêtres, et de temporiser avec les événements ; il ne lui faut après cela qu’une industrie ordinaire pour se maintenir toujours, à moins qu’il y ait une force extraordinaire et portée à l’excès, qui vienne le priver de son Etat. S’il le perd, il le recouvrera, s’il le veut, quelque puissant, quelqu’habile que soit l’usurpateur qui s’en est emparé (2).

Nous avons pour exemple, en Italie, le duc de Ferrare, que n’ont pu renverser les attaques des Vénitiens, en 1484 ; ni celles du pape Jules, en 1510, pour la seule raison que sa famille était, de père en fils, établie depuis longtemps dans cette souveraineté.


(1) Je tâcherai de suppléer à cela en me rendant le doyen des autres souverains d’Europe, G.

(2) Nous verrons cela. Ce qui me favorise, c’est que je ne l’ai pas pris sur lui, mais sur un tiers qui n’était qu’un gâchis insupportable de républicanisme. L’odieux de l’usurpation ne tombe pas sur moi. Les phrasiens à mes gages l’ont déjà persuadés. Il n’a détrôné que l’anarchie. Mes droits au trône de France ne sont pas mal établis dans le roman de Lemont… Pour le trône d’Italie, j’aurai une dissertation de Montga…- C’est la ce qu’il faut aux Italiens qui font les raisonneurs. Un roman suffisait pour les Français. Le menu peuple qui ne lit pas, aura les homélies des évêques et des curés que j’ai faits ; plus encore mon catéchisme approuvé par le légat du pape. Il ne résistera pas à cette magie. Rien n’y manque

    scelere quæsitum subitâ modestiâ et priscâ gravitate retineri. (Hist. I.) ; et il prévient que la rigueur qu’il faut exercer pour conserver cet empire, est souvent cause qu’on le perd par la révolte des sujets à qui la patience échappe : atque illi, quamvis servitio sueti, patientiam abrumpunt (Ann, 12).