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au Magnifique Laurent.

pourrez comprendre en peu d’heures ce que je n’ai connu et compris qu’en plusieurs années, avec beaucoup de fatigue et de très-grands dangers.

Je n’ai pas rempli cet ouvrage de ces gloses prolixes avec lesquelles on fait parade de science ; je ne l’ai point orné de phrases pompeuses, d’expressions ampoulées, ni de tous ces autres charmes extrinsèques à la matière, par lesquels beaucoup d’auteurs ont coutume de parer ce qu’ils ont à dire[1]. J’ai voulu que mon livre n’eût d’autre parure et d’autre agrément que la vérité des choses et l’importance du sujet.

Je désirerais cependant qu’on ne regardât pas comme une présomption répréhensible dans un homme de condition inférieure et même basse si l’on veut, la hardiesse qu’il a de discourir sur les gouvernements des princes, et de prétendre leur donner des règles. Les peintres chargés de dessiner un paysage, doivent être, à la vérité, sur les montagnes quand ils ont besoin que les vallées se découvrent bien à leurs regards ; mais aussi ce n’est que du fond des vallées qu’ils peuvent bien voir dans tous leurs développements les montagnes et les sites élevés[2]. Il en est de même en

  1. Comme Tacite et Gibbon. Note de Buonaparte. G.
  2. C’est par-là que j’ai commencé, et qu’il faut commencer. On connaît bien mieux le fond des vallées quand on est ensuite au faîte de la montagne. Note de Buonaparte. R. C.