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Il l’avait d’abord commencée sans combattre et sans crainte d’en être empêché, en ce que son premier soin avait été de tenir l’esprit des barons de Castille occupés de cette guerre. En les y faisant penser sans cesse, il les détournait de songer à machiner des innovations pendant ce temps-là ; et de cette manière il acquérait sur eux, sans qu’ils s’en aperçussent, beaucoup d’empire, et se procurait une grande considération (1). Ensuite il put, avec l’argent de l’église et des peuples, entretenir des armées, et se créer, au moyen de cette longue guerre, une bonne milice, qui finit par lui attirer beaucoup d’honneur (2). En outre, afin de pouvoir faire de plus grandes entreprises, mettant toujours en avant le prétexte de la religion, il recourut à l’expédient d’une cruauté dévote ; et il chassa les Maranes de son royaume, qui fut par là délivré de leur présence (3). On ne peut rien faire de

(1) Mes circonstances différaient trop des siennes dans mon entreprise sur l’Espagne, pour que j’eusse chez moi de pareils succès. Au surplus, je pouvais m’en passer R. I.

(2) Ferdinand fut plus heureux que moi, ou il eut des occasions plus favorables. Faire agir mon frère (Eh ! quel frère !), n’est-ce pas comme si j’agissais moi-même ? R. I.

(3) Ma dévotion du Concordat n’a pu m’autoriser qu’à chasser les prêtres qui s’étaient toujours montrés et se montraient encore rétifs aux promesses et aux serments. Il ne m’en fallait que de souples, bien jésuitiques. De temps à autre, je vexerai par calcul leurs Pères de la Foi ; Fesche les protégera ; et ils le feront Pape.R. C.