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et principalement ceux qu’on vantait comme sages, avaient coutume de dire que si, pour conserver Pise, il était nécessaire d’y avoir des forteresses, il convenait, pour tenir Pistoie, d’y fomenter des factions. Et voilà pourquoi, dans quelques terres de leur domination, ils entretenaient des différends qui leur en rendaient effectivement la possession plus facile. Cela pouvait convenir dans un temps où il y avait un avait un certain équilibre en Italie ; mais il ne paraît pas que cette méthode puisse être bonne aujourd’hui, parce que je ne crois point que les divisions dans une ville procurent jamais aucun bien (1). Il est même impossible qu’à l’approche d’un ennemi les villes ainsi divisées ne se perdent pas aussitôt ; parce que des deux partis qu’elles renferment, le plus faible s’attachera toujours. aux forces qui attaqueront et que l’autre dès-lors ne suffira plus pour résister.

(1) On ne doit pas prendre ce raisonnement à la lettre, parce que du temps de Machiavel, les citoyens étaient soldats en cas d’attaque de leur cité. Aujourd’hui ce n’est plus sur les citoyens que l’on compte pour la défense d’une ville attaquée, mais sur les bonnes troupes qu’on y a mises. Je pense donc comme les vieux politiques Florentins, qu’il est bon d’entretenir des partis quelconques dans les villes, les provinces, pour les occuper quand elles sont d’un caractère inquiet, bien entendu qu’aucun d’eux ne se dirigera contre moi. R. C.