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Ainsi donc, ces Empereurs qui, à raison de ce qu’ils étaient Princes nouveaux, avaient besoin de faveurs extraordinaires, s’attachaient aux soldats bien plus volontiers qu’au peuple ; et cela tournait ou à l’avantage, ou au désavantage du Prince, selon qu’il savait se maintenir en grande réputation auprès des soldats (1). Telles sont les causes qui firent que Pertinax et Alexandre, quoiqu’ils fussent d’une conduite modérée, amis de la justice, ennemis de la cruauté, humains et bons (2), ainsi que Marc (Aurèle), dont la fin fut heureuse, en eurent néanmoins une très-misérable (3). Marc seul vécut et mourut très-honoré, parce qu’il avait succédé à l’Empire par droit d’hérédité, et n’était pas dans la nécessité d’agir comme s’il le devait aux soldats ou au peuple (4). Étant d’ailleurs doué de beaucoup de vertus qui le rendaient respectable, il contint jusqu’à sa mort le peuple et le soldat en de justes

(1) Tout faire pour cela : j’y suis forcé. R. I.

(2) Vertus déplacées en ce cas-là. On est à plaindre quand on ne sait pas y substituer les vertus politiques de la circonstance. R. I.

(3) Cela devait être ; et je l’aurais prévu. R. I.

(4) Ce bonheur n’est réservé qu’à mon fils. R. I.