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pire était que le leur exerçât ces funestes dispositions sur les peuples, pour avoir une paye double, et pour donner un libre cours à leur cupidité et à leur avarice (1) ; d’où il arrivait que les Empereurs qui n’étaient pas réputés capables de tenir les soldats et le peuple en respect (2), succombaient toujours. La plupart d’entr’eux, surtout ceux qui montaient à la souveraineté comme Princes nouveaux, ayant senti la difficulté de concilier ces deux choses, prenaient le parti de contenter les soldats (3), sans trop craindre d’offenser le peuple et il ne leur était guère possible de faire autrement (4). Les Princes, ne pouvant éviter d’être haïs de quelques uns, (5) doivent, à la vérité, s’efforcer avant tout de ne l’être pas du grand nombre ; mais quand ils ne peuvent atteindre ce but, ils doivent s’ingénier pour éviter, par toute sorte d’expédients, la haine de la classe qui est la plus puissante (6).

(1) Ils m’y forcent pour les mêmes motifs. Les soldats sont partout les mêmes, quand on dépend d’eux. R. I.

(2) Je suis parvenu à faire l’un et l’autre ; mais pas encore assez. R. I.

(3) Il ne faut pas me le dissimuler : Je me trouve encore dans le même cas, sous tous les rapports. R. I.

(4) Voilà mon excuse aux yeux de la postérité. R. I.

(5) Ce n’est que trop vrai.

R. I.

(6) C’est toujours l’armée quand elle est aussi nombreuse que la mienne.

R. I.