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pour conspirer (1). Si tout conspirateur, avant l’exécution de son complot, est ordinairement saisi de la crainte de ne pas réussir, il l’est bien plus en ce cas-là ; car il doit craindre encore, lors même qu’il réussirait, d’avoir le peuple pour ennemi (2), parce qu’alors il ne lui resterait aucun refuge.

On pourrait, à ce sujet, citer une infinité d’exemples (3) ; mais je me borneà un seul dont nos pères nous ont transmis la mémoire. Messire Annibal Bentivoglio, aïeul de messire Annibal d’aujourd’hui, étant Prince à Bologne, fut assassiné par les Canneschi[1] à la suite d’une conspiration ; et son fils unique, messire Jean, étant encore au maillot, ne pouvait le venger : mais le peuple aussitôt se souleva contre les assassins, et les massacra. Ce fut l’effet naturel de la bienveillance populaire que

(1) Il reste bien toujours des malveillans en assez grand nombre mais les surveillans !R. I.

(2) Le peuple ! n’est-il pas ingrat, et ne se tourne-t il pas toujours du côté de celui qui l’emporte, surtout quand celui-ci l’éblouit ? R. I.

(3) L’esprit amolli de notre siècle ne permet plus qu’ils se renouvellent. R. C.

  1. Famille rivale des Bontivoglies, en 1445.