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il doit être économe[1] ; dans le second, il ne doit négliger aucun genre de libéralité (1). Le Prince qui, avec ses armées, va se repaître de butin, de sacs, de massacres, et disposer de la fortune des vaincus, est forcé d’être prodigue envers ses soldats, parce que, sans cela, il ne serait point suivi par eux (2). Tu peux alors te montrer amplement généreux, puisque tu donnes ce qui n’est pas à toi ou à tes soldats, comme le firent Cyrus, César, Alexandre (3) ; et cette dépense qu’en cette occasion tu fais du bien des autres, loin de nuire à ta réputation, lui en ajoute une brillante (4). La seule chose qui puisse te nuire, c’est de dépenser le tien.

Il n’y a rien qui s’épuise de soi-même comme la libéralité : pendant que tu l’exerces, tu perds la faculté de

(1) Qui l’a mieux fait que moi ? R. I.

(2) Voilà le secret de la licence que j’ai laissée pour les sacs et les pillages. Je leur donnais tout ce qu’ils pouvaient prendre : de la leur immuable, attachement pour moi. E.

(3) Et moi. R. I.

(4) Qui sert pour augmenter l’autre. R. I.

  1. Tacite loue Galba d’avoir été économe de son bien, et avare de celui du public : Pecuniæ suæ parcus, publicæ avarus (Hist. 1).